- lucre
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• v. 1460; lat. lucrum1 ♦ Vx Gain, profit (⇒ lucratif).2 ♦ Mod. et péj. Profit plus ou moins licite dont on est avide. ⇒ gain, profit. Le goût, l'amour, l'appât du lucre.Synonymes :- bénéfice- gainlucren. m. Péjor. Gain, profit qu'on recherche avidement. La passion du lucre.⇒LUCRE, subst. masc.A.— Vieilli. Gain, avantage, profit tiré d'une activité quelconque. Synon. bénéfice. Travailler pour le lucre (Ac. 1798-1878). Il est lancé dans une carrière qui l'éloigne du but de ses vœux (...). Il travaille, mais travaille à peu de lucre, à peu de profit intellectuel, à nul agrément (SAINTE-BEUVE, Gds écriv. fr. : XIXe s., Poés., 1829, p. 14). Arme offensive ou défensive, la procédure n'est plus pour lui, comme autrefois, un objet de lucre (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 582).B.— Péj. Profit pécuniaire, souvent matériel, plus ou moins licite et recherché avec avidité. Cette âpreté de gain, ce prurit de lucre, s'étaient aussi répercutés (...) dans le clergé (...). Les monastères s'étaient métamorphosés en des usines d'apothicaires et de liquoristes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 286). Devrait être (...) qualifié de charlatan celui qui, usurpant ou non la qualité de médecin, recourt (...) à des procédés trompeurs dans lesquels l'intérêt du malade disparaît devant l'ignorance inavouée, l'esprit de lucre ou le désir de se faire valoir (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 813) :• Le don est à bon droit suspect dans le capitalisme contemporain. Ce système a diffusé et intensifié à un degré jamais atteint le culte des vertus acquisitives et la passion du lucre; par son seul fonctionnement il adultère et déprise l'esprit de don.PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 393.SYNT. Appétit, pensées de lucre; amour, appât, goût, soif du lucre.Prononc. et Orth. :[
]. Att. ds Ac. dep. 1964. Étymol. et Hist. 1. Ca 1467 « gain, profit » (G. CHASTELLAIN, Advertissement au duc Charles ds Œuvres, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 317) attest. isolée, à nouv. en 1615 (Y. D'EVREUX, Voyage dans le Brésil, p. 285 ds DELB. Notes mss ds FEW t. 5, p. 438a); 2. 1771 « profit dont on est avide » (Trév.). Empr. au lat. lucrum « gain, profit, avantage; amour du gain, avarice », d'où sont issus l'a. fr. loir « avoir, revenu, actif » (1re moitié XIIIe s., Gautier d'Aupais, éd. E. Faral, 516, cf. Romania t. 66, pp. 552-553; XIIIe s. Dial. de l'âme et de la raison, éd. F. Bonnardot, IV, 6 ds Romania, t. 5, p. 277) ainsi que l'a. occ. logre « bénéfice, récompense; cadeau » (M. PFISTER, Lexikalische Untersuchungen zu Girart de Roussillon, pp. 536-537) d'où l'a. poit. logre « récompense, salaire » (ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6962; cf. M.
, Le Vocab. ds deux versions du Roman de Thèbes, pp. 113-114). Fréq. abs. littér. : 61.
lucre [lykʀ] n. m.ÉTYM. V. 1460; rare av. XVIIe; lat. lucrum « profit, avantage », puis « amour du gain, avarice ».❖1 Jamais race ne fut plus impropre à l'industrie, au commerce. On obtient tout d'elle par le sentiment de l'honneur; ce qui est lucre lui paraît peu digne du galant homme; l'occupation noble est à ses yeux celle par laquelle on ne gagne rien, par exemple celle du soldat, celle du marin, celle du prêtre (…)Renan, Souvenirs d'enfance…, II, II, Œuvres, t. II, p. 761.2 Mod. et péj. Profit plus ou moins licite dont on est avide. ⇒ Bénéfice, gain, profit. — REM. De nos jours, lucre ne s'emploie guère que dans des expressions telles que : le goût, l'amour, la passion du lucre, l'appât du lucre. — Par plais. || « Quel stupre ! Quel lucre ! Mais c'est Byzance ! ».2 Pour le commerçant, l'honnêteté elle-même est une spéculation de lucre.Baudelaire, Journaux intimes, Mon cœur mis à nu, LXXV.3 L'Église (…) brocante les indulgences et bazarde les messes; elle est, elle aussi, ravagée par l'appât du lucre !Huysmans, En route, I, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.